Depuis 1860 et l’annexion de la butte Montmartre à la ville de Paris qui voit la destruction du mur qui longeait l’actuel boulevard de Clichy, le quartier de Pigalle devient le carrefour de curieuses rencontres, clandestines comme à ciel ouvert.
Les célèbres cafés du “Chat Noir”, du”Rat Mort”, le “Cabaret du Néant”, l'”Abbaye de Thélème” -aujourd’hui reconvertis en banques et épiceries bio- deviennent le creuset politique et artistique où impressionnistes et dissidents du second Empire, poètes et Communards, spirites et occultistes dressent une barricade tissée de nuits et de sortilges, de faits divers, d’ivresses et de scandales.
À l’ombre du Moulin-Rouge qui peu-à-peu s’impose comme l’organe standardisé du Music-hall d’avant-guerre, Baudelaire s’encanaille avec une danseuse de boulevard tandis que le jeune Émile Goudeau fédère les troupes de sa nouvelle société des “hydropathes” .”Grille d’égoût” toise “le Père la pudeur” au comptoir d’où l’on remarque une triste buveuse d’absinthe qu’Edgar Degas travaille à peindre.
Cabarets aux devantures fantastiques et macabres inspirés de l’art forain côtoient les coulisses secrètes où se réunissent spirites et kabbalistes inspirés par la naissance de l’occultisme.
Tohu-bohu de laboratoires, de baraques et de salles de bal, le boulevard dégagé par l’ancien mur lève le rideau sur une scène exubérante où le savant et le populaire, l’or et l’ordure travaillent de concert au spectacle d’une transmutation profane de la ville dont Montmartre est la pierre philosophale.
ψInitiations, sortilèges, effeuillages et théâtre d’ombres♠
